Le jour de la souris

Publié le par DC Confidential

Après le jour de Christophe Colomb — qui, on l’a su depuis, ne pensait rien du Blessing of the Pets — vint le jour de la souris.
    J’en avais déjà retrouvé une, mignonne et grise à longues moustaches, crevée lamentablement à la porte de la véranda, la veille de notre emménagement. Elle avait eu la décence de rester côté terrasse pour finir sa vie, j’attribuai donc son décès à la chaleur excessive de cette fin d’été et lui offris une sépulture pas très digne (à la poubelle dans la rue, une belle rue...) après l’avoir emballée dans un paquet de cacahuètes quelconque. Afin de n’alarmer personne à la maison, je gardais cet épisode macabre pour moi.
    Environ neuf jours plus tard, un orage d’été qui n’en finissait plus annonçait l’anniversaire traumatique de nine-eleven, avec pluie et éclairs en abondance. Je fus réveillé à l’aube par le cri de mon domestic partner qui venait de voir se faufiler sous la porte de la chambre une souris. La traque dérisoire commença aussitôt, elle devait durer une bonne demi-heure, jusqu’au moment où il ne pouvait plus reculer son départ pour le travail. En fait de traque, il s’agit plutôt de la retrouver dans les recoins de la pièce, cachée sous un chevet, entre nos sacs de voyage ou dans un jeans coincé sous la porte pour prévenir sa fuite. Elle se laissa apercevoir quatre fois, et même elle rentra dans un sac que je tenais exprès pour la coincer. Notre chasse se solda à chaque fois par une exclamation du genre “Elle est là !” Ce que nous savions pertinemment. Puisqu’il fallait aller de l’avant dans cette journée, on inversa la technique en ouvrant un accès direct chambre-terrasse.

    J’aime bien les rongeurs, et la première souris, la morte, m’avait fait un peu de peine, il avait l’air délicat. La vue du même rongeur glissant sur l’épaisse moquette bistre rendait sa présence beaucoup plus incongrue, chargée d’une menace sanitaire. Je me suis donc mis en quête de solutions pas très jolies en faisant l’ouverture de la quincaillerie voisine, heureusement. J’optai pour deux pièges aux promesses radicales, et fausses, assortis d’un petit paquet de mort-aux-rats ironiquement appelée “Tomcat ultra feeder pac”. Quant aux allégations sur l’emballage des pièges, elles promettaient la mort des souris à l’intérieur d’une boîte noire “No view, no touch” — le vrai piège pour lâche quoi !

    Avant-hier matin, la souris n’était plus qu’un souvenir et le petit arsenal anti-souris avait juste servi à faire marcher le commerce local — mais tant mieux John, le quincaillier, est très sympa et vend vraiment de tout. Il avait plu toute la nuit et ... il n’y a plus de suspens, vous savez très bien ce qui va se passer ! Sauf que cette fois la souris se faufila entre le robinet de la cuisine et le liquide vaisselle Palmolive (on en trouve, si si) pour plonger derrière le lave-linge. Elle resta muette malgré mes sommations, et j’allai voir si la mort-aux-rats laissée entre le mur et la machine avait été touchée. Il s’avère que la souris — je la laisse au singulier c’est moins gênant — avait presque tout fini et j’en conclus qu’elle venait grignoter un peu de Tomcat ultra feeder, qui n’avait pas l’air trop foudroyant. J’ai donc remis une dose de ces granules bleues avec la vague impression d’être un empoisonneur et en même temps que je ne faisais peut-être que nourrir notre souris qui s’en portait bien et reviendra dès qu’il y aura de l’orage...

    À ceux parmi nos intimes que l’idée de nous savoir vivant parmi les souris révulse, sachez que j’ai appris de source autorisée que les moustiques à longues pattes que j’évoquai l’autre jour, traînant sur notre terrasse, peuvent refiler la dingue, c’est ce qui se passe en ce moment à quelques heures DC ! Je préfère largement partager mes céréales et ma chambre avec une petite souris grise, qui n’a plus transmis la peste à personne depuis ... combien déjà ?

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
good luck with that... dans quel chapitre apprend-on le fin mot de l'histoire ? la famille souris est-elle un personnage récurrent ? to be continued.
Répondre
K
Est on sûr qu'il n'y a qu'une souris?<br /> Moi je dirais qu'elles aussi se déplacent en légion!
Répondre
D
Plus facile à dire qu'à faire, la maison a cent ans et les accès sont légions.
Répondre
E
très saine mesure mon cher Fabien que vous prîtes, car vous fîtes donc d'une paire de couilles: d'une part la zone fut ainsi sécurisée, de l'autre votre karma était sauf! Je crois bien que nos tourtereaux de DC n'ont pas bien intégré cet aspect de leur funeste chasse. Après tout, tout comme le "pet", la souris est un homme comme les autres. Save the Mouse!
Répondre
C
Bah Dingue ce n'est pas ce que tu es déjà ? <br /> ouai trop fastoche je sais.<br /> Moi aussi j'ai eu une mésaventure souris une fois dans le 13ème arrondissement parisien. Gris sur fond de moquette grise, j'ai eu de la chance de ne pas marcher dessus au réveil. En tout cas je n'étais pas fier. Mais pas de granules bleutés, j'ai juste bouché le trou par lequele objectivement elle était rentré dans l'appart.
Répondre