Bonjour Paris

Publié le par DC Confidential

    Pour faire vite, et rattraper un léger mois de flottement, commençons par mon arrivée à Paris. Rappelé par des examens universitaires et médicaux* dans notre beau pays, je venais juste de récupérer ma large valise à roulette en nylon, que mon ami La Mode — de retour du festival de Cannes avec L’Oréal les produits stars — me hélait du tourniquet à bagages voisin. S’ensuivirent retour en taxi, apéritif, puis dîner avec d’autres amis, toutes choses que je m’étais bien promis d’éviter afin de préserver intact mon capital neuronal.

    Le lendemain, gare Saint Lazare, un type est abrité sous le auvent du kiosque à journaux, tentant d’ouvrir un parapluie transparent pour sa fille, une petite dans les 5 ans. Il lui dit, à elle qui est sage et ne dit rien : « Et oui c’est un temps de merde. Normal, dans ce pays de merde ! » Et là je sais que je suis bien de retour. Je le regarde un peu surpris, avec peut-être un vague sourire — un reste d’Amérique où il sied de porter sur le front, à pied ou en décapotable, un enthousiasme minimum, garant de sa foi dans l’avenir et de son envie d’y arriver. Mais à quoi ? Alors le type parle, un peu pour moi à cause de mon coup d’œil, un peu à part. Il demande « Quoi ? Faut être positif, c’est ça ? » Je ne réponds rien. Alors il poursuit que, lui, les gens positifs ça lui paraît louche, que ça doit cacher quelque chose comme un vice. Je me plonge dans le sommaire du dernier Têtu, spécial sportifs.

    Je prends le train, et là un monsieur me demande avec bonhomie de lui refaire le bandage qui lui maintient le poignet. Commençant à me rappeler la nécessité de ne pas trop croiser le regard de mes compagnons de transhumance, j’obtempère en lui précisant tout de même que je n’ai aucune formation de secouriste. Lui, me dit que ça ne pourra pas être pire que l’autre imbécile qui lui a serré ça comme je sais pas quoi. Il est vrai que ses doigts commençaient à gonfler sérieusement. Je me contentai donc de croiser la bande velpeau du mieux que je pus, m’attirant les grâces de ce monsieur, qui parlait fort. Comme ça tout le wagon savait que j’étais un bon petit gars.

    Comme convenu depuis deux mois, j’arrive à Mont Saint Aignan — vilaine bourgade sur les hauteurs de Rouen, à une demie heure de bus de la gare — au secrétariat de la résidence universitaire Bois-Pléiade, avant 15 heures. Fort d’un surmoi stressable, j’arrivai même à 12h25 devant le secrétariat, exceptionnellement fermé à partir de midi ce jour-là et pour toute la journée, “Réunion”. La secrétaire partait déjeûner, je la vis, je rougis (envie de la tuer), je pâlis (peur de devoir trouver un autre gîte avec mes 25 kg de bagages) et lui rappelai notre rendez-vous. Elle finit par m’accorder audience en début d’après-midi. On me donne la chambre 118, Résidence Poussin. On l’ignore souvent mais j’ai été Poussin Tricolore quand j’étais petit, rapport à mon excellence gymnique. J’y vis un signe du destin et partais plein d’espoir vers mes 9m2, lit militaire, bureau moderne, WC privatif et frigo ultra-silencieux (parmi les rares “ultra” fréquentables). C’était annoncé. Par contre le cadre lui même laisserait rêveur Poussin. Je vous renvoie à ces quelques images à la mise en scène un peu appuyée mais tellement réaliste.

 http://martinefruit.unblog.fr/2007/12/27/la-cite-universitaire-du-bois-mont-saint-aignan/

    Au-delà du charme de l’architecture, les cloisons de papier mâché m’ont permis de profiter au maximum de la vie étudiante. J’ai d’abord cru à des scènes de violence conjugale, au bruit, mais il s’est avéré que la fille était mdr/ptr/lol et que tout le couloir était sur le mode “gospel” sitôt la nuit tombée — et elle tombe tard fin mai. À un moment j’ai cru qu’ils allaient arrêter, regagner leurs cagibis mais c’est là qu’ils ont mis de la musique.

La prochaine fois, j’aurai quitté cet enfer et me serai rapproché du temps présent.
* On me dit de préciser qu'il s'agissait d'une visite de contrôle chez mon dentiste. Des gens inquiets.

Publié dans voyage

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C
Une destination de rêve en fin de compte. Heureusement il y a des barreaux aux fenêtre pour éviter les suicides.
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E
Digne de spielberg...<br /> J'espère au moins que ta peine sera récompensée.
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